Santé Canada homologue des granules qui font l'objet d'une action collective
Radio -canada
2018-03-05 10:25:00
Deux consommatrices québécoises se sont procuré en pharmacie ce médicament homéopathique et l’ont essayé à quelques reprises, sans succès.
« Quand je commençais à avoir une congestion, oreille, nez, j'essayais (l'Oscillococcinum) avant de tomber sur les antibiotiques », explique Gaétane Morin. « J'ai essayé à trois reprises. La première fois, je me disais je ne l’ai peut-être pas pris comme il faut, peut-être que je n’avais pas vraiment les symptômes de grippe, mais ça n'a pas marché », ajoute Mireille Noël.
Rien d’un médicament
La chimiste Alexandra Furtos, spécialiste en spectrométrie à l’Université de Montréal, a analysé pour La Facture les composants des granules d’Oscillococcinum.
Avec ses appareils, elle n’y a trouvé que du sucrose et du lactose, rien d’autre.
Ce médicament s’achète en pharmacie dans différents formats. Une dose revient environ à 1 $.
Action collective contre l’Oscillococcinum
Mireille Noël et Gaétane Morin se sont inscrites, comme 1575 autres personnes au Canada, à une action collective contre l’Oscillococcinum de la compagnie Boiron. On y allègue que ces granules ne sont que du sucre et du lactose. En raison des procédures légales, la compagnie Boiron a refusé notre demande d’entrevue. Boiron indique sur sa boîte que son produit contient aussi du foie et du coeur de canard en dose homéopathique.
Aux États-Unis, une action collective contre tous les produits homéopathiques de Boiron a déjà été entreprise. Elle a mené à une entente à l'amiable de 5 millions de dollars américains.
Le seul effet : l'effet placebo
D'après la littérature scientifique consultée, le seul véritable effet des granules homéopathiques est l’effet placebo.
La compagnie Boiron affirme plutôt que son produit « réduit la durée des symptômes de la grippe ». Quelques études, peu nombreuses, citées par Boiron, corroborent cette hypothèse.
Le pharmacologue Jean-Louis Brazier, professeur émérite à l’Université de Montréal, se montre très sceptique.
L’avocat Jeff Orenstein a intenté le recours au Canada. Selon lui, en plus de perdre de l’argent, l’acheteur de ce produit homéopathique risque, parfois, de se rendre encore plus malade.
Pourtant, tous les produits de la compagnie Boiron, comme l’Oscillococcinum, sont homologués par Santé Canada. Une homologation qui est gage de qualité, d’innocuité et d’efficacité, peut-on lire sur le site Internet de Santé Canada.
Plus exactement, les produits homéopathiques portent bien un DIN associé à tous médicaments, mais il est suivi d’un HM, qui précise qu’il s’agit d’un produit homéopathique. Une façon de procéder qui peut confondre les consommateurs.
Deux poids, deux mesures
Lors de l’homologation d’un médicament traditionnel, Santé Canada oblige le fabricant à produire de nombreuses études scientifiques et cliniques, tandis que pour les produits naturels, dont fait partie l’homéopathie, une simple référence à un document historique peut suffire.
Manon Bombardier est directrice générale des produits de santé naturels à Santé Canada. Elle affirme que Santé Canada révise actuellement la manière dont l’homologation pourra être obtenue pour les produits de santé naturels.
L’homologation se fondera sur le degré de risques.
« Ce qu’on veut, c'est que le niveau de preuves soit basé sur le niveau de risque du produit. Par exemple, si un produit homéopathique ou un médicament sans ordonnance dit qu’il va protéger contre le rhume ou traiter les symptômes du rhume, à ce moment-là, on demanderait des tests cliniques pour supporter l'allégation et l'autorisation du produit », indique Manon Bombardier.
Il est impossible toutefois de savoir quand cette nouvelle homologation entrera en vigueur. D’ici là, c’est au consommateur de s’informer sans se fier à l’homologation actuelle.
Anonyme
il y a 6 ansL'action collective n'avait pas été autorisée par la Cour supérieure, en passant. C'est la Cour d'appel qui l'a autorisée, en laissant entendre que la procédure d'autorisation n'est peut-être plus utile, considérant les critères applicables. C'est mal comprendre la norme d'autorisation que de présumer de la faute d'un manufacturier que de présumer qu'il y a un problème avec un produit simplement parce qu'il fait l'objet d'une action collective.
Si tu veux un produit qui contient de l'ingrédient actif, peut-être que tu devrais acheter autre chose que de l'homéopathie?
Anonyme
il y a 6 ans"Si tu veux un produit qui contient de l'ingrédient actif, peut-être que tu devrais acheter autre chose que de l'homéopathie?"
C'est un beau problème juridique, parce que dans le cas des produits de ce type l'ingrédient actif est du "rien pantoute", mais si on est trop explicite à ce sujet sur dans l'étiquettage (par la mention "produit homéopathique", ou en détaillant les ingrédients) on risque de compromettre l'effet placebo, dont le propre est de ne pouvoir fonctionner que par le maintient d'un certain voile sur la composition d'un produit.
Bref, il faut vendre un petit verre de l'eau à 30$ pour que ça ait des chances de marcher (pour certains), sans dire qu'on vend de l'eau sinon ça devient du vent (sauf pour celui qui encaisse l'argent).
Le droit semble mal équipé pour traiter ce type de situation...
BJ
il y a 6 ansEssayer de se soigner avec des produits homéopathiques c'est comme verser une bière dans une piscine et essayer de se saouler en n'en buvant le contenu...
Anonyme
il y a 6 ans... poursuivre le fabricant parce qu'on a pas senti les effets de l'alcool...
Anonyme
il y a 6 ansIl n'y a qu'à distribuer le produit en question à des influenceurs instagram. On accompagne d'une petite carte personnalisée (#allnatural and made with #love) et voilà! Le tour est joué. Ils feront les fausses représentations à votre place et vous vous assurerez un effet placebo du tonnerre.
Anonyme
il y a 6 ansParce qu'en fait, il faudrait juste fermer la rangée des produits homéopathiques. Il n'y a pas de raison particulière pour que seul ce produit écope.